Quand la nature peint le bois : le regard d’un expert en mérule sur le pigment bleu-vert du bois
- Victor Sabet
- il y a 12 heures
- 1 min de lecture
En forêt, certains bois semblent avoir été peints par la main d’un artiste.
Et pourtant, il n’y a ni pigment artificiel, ni teinture.
Juste… la vie.
Ce turquoise éclatant, presque irréel, n’est pas dû au hasard : c’est l’œuvre d’un champignon lignicole, un de ceux qui transforment la matière morte en beauté passagère.
Chlorociboria, le champignon qui colore le bois
Le plus souvent, il s’agit de Chlorociboria, un petit ascomycète discret qui, en silence, colore le bois d’un pigment naturel appelé xylindeine.
Ce composé imprègne les fibres en profondeur, leur conférant une teinte bleu-vert durable, parfois visible plusieurs siècles après la mort de l’arbre.
Au temps de la Renaissance, ce “green oak” fascinait déjà les artisans, qui l’utilisaient pour leurs marqueteries les plus fines.

Chez Fongilab, expert en mérule et en champignons du bâtiment, nous savons que la frontière entre le beau et le destructeur est parfois ténue.
Derrière un pigment fascinant peut se cacher un processus biologique complexe, ou un champignon dégradant la cellulose.
Identifier la nature exacte du champignon — qu’il s’agisse d’un Chlorociboria inoffensif ou d’un lignivore comme la Serpula lacrymans — est essentiel pour comprendre le comportement du bois et protéger durablement les constructions.
C’est tout le rôle de l’expert en mérule : observer, identifier, et traduire le langage des champignons pour prévenir les désordres avant qu’ils ne deviennent irréversibles.
Chaque morceau de bois devient ainsi une toile vivante, où la biologie et la matière racontent une histoire commune.
Le bois mort n’est jamais vraiment mort : il change simplement d’artiste.



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